Adolf Ogi

à l'occasion du bilan de l'année internationale du sport par l'ONU (voir etumag du mois de novembre), l'ancien conseiller fédéral nous parle de sa vision du sport et de la vie estudiantine.

Selon vous, dans quelle mesure est-ce que les actions entreprises dans le cadre de la mission de l'ONU «sport au service du développement et de la paix» ont eu un impact sur l'éducation?
Dans un monde où les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver leurs repères, le sport représente un moyen idéal qui permet de trouver l'équilibre psychique et physique, nécessaire au développement harmonieux des jeunes. De plus, des études ont prouvé que la pratique du sport a une influence positive sur les résultats scolaires; les jeunes qui pratiquent régulièrement une activité sportive ont également plus de succès sur les bancs d'école. C'est la raison pour laquelle des mesures comme l'initiative l'école bouge, qui encourage les jeunes à pratiquer vingt minutes d'exercice chaque jour, sont indispensables à une éducation saine et équilibrée.

Quelles sont les mesures qui suivront 2005?
Je peux vous assurer que la promotion du sport au service du développement et de la paix sera aussi d'actualité en 2006. Si les efforts fournis durant l'Année internationale du sport et de l'éducation physique (AISEP 2005) ont prouvé le rôle clé que le sport peut jouer pour améliorer les conditions de vie de chacun et chacune, cette année a également démontré que ces efforts doivent être poursuivis dans le futur. En 2006, des mesures, comme par exemple l'initiative l'école bouge, seront reconduites.

Quelle est votre vision idéale de l'équilibre sport-études?
L'équilibre sport-études est très difficile à atteindre. En Suisse, cet équilibre est aujourd'hui dans sa phase de mise en place. Mais je suis convaincu que nous allons progressivement trouver la solution pour que nos sportifs soient de grands sportifs et de grands professionnels.

Est-ce que, selon vous, le sport suisse manque de moyens pour permettre aux jeunes d'étudier tout en menant une carrière sportive de haut niveau?
Certes, les ressources financières représentent un élément non négligeable du monde sportif actuel. Mais il est avant tout important de se rappeler qu'on ne crée pas un champion uniquement avec de l'argent. La volonté est l'élément clé pour qu'un sportif puisse prétendre à la victoire.

Si l'on regarde la situation sportive helvétique, en prenant l'exemple de la Fédération suisse de ski qui a lancé récemment une campagne-choc pour relancer la contribution publique, quelles sont les mesures que peut prendre le sport suisse pour «relancer la machine»?
Afin de «relancer» le sport en Suisse, des efforts de longue haleine doivent être (et sont) entrepris à large échelle. Swiss-Ski, par exemple, vient tout juste d'annoncer la mise en place à Brigue de la Swiss-Ski Académie, une structure qui permettra aux jeunes talents de suivre à la fois un entraînement de haut niveau et une formation scolaire ou professionnelle. Dans d'autres sports, comme le football, on commence aujourd'hui déjà à voir les résultats des efforts entrepris depuis de longues années.

Que vous inspire la migration de jeunes étudiants et sportifs d'élite suisses vers des pays mieux lotis dans l'encadrement (par ex. les Etats-Unis) ?
La volonté d'un sportif est son plus grand atout. Il n'est donc pas étonnant que l'esprit compétitif qui mène le sportif à la victoire le pousse également à rechercher l'encadrement qui lui permettra de se développer de façon optimale. S'il veut gagner, un sportif doit aller là où on lui offre les meilleures conditions d'entraînement.


Pour terminer, avez-vous un message à faire passer aux étudiants des Hautes écoles de Suisse romande?
Le sport, non seulement de compétition, mais également le sport de plaisir, de rencontres ainsi que le sport de tous les jours, est indispensable à une vie saine et équilibrée. Aujourd'hui, les distractions offertes aux jeunes sont très nombreuses, et des activités physiquement peu exigeantes font de plus en plus concurrence au sport. Les conséquences de ce changement sur la santé sont dramatiques. La période des études est une période clé de la vie où l'on peut prendre de très bonnes ou de très mauvaises habitudes, y compris sur le plan sportif. Pensez-y!

Le mandat de conseiller spécial pour le sport au service du développement et de la paix d'Adolf Ogi expirera fin 2006. Le gouvernement suisse a consacré 410'000 francs pour assurer son mandat de 2005 et 2006.

quels résultats?

Si les manifestations relatives à cette année du sport en faveur de la paix sont restées finalement assez discrètes dans nos contrées, c'est somme toute assez logique. Ce n'est pas en Suisse que l'action de l'ONU était la plus essentielle, au regard des pays en guerre ou dans les pays en situation économique difficile.

Le programme «Secondo Tempo» au Brésil est un excellent exemple des actions qui ont ainsi été entreprises. Depuis la fin de cette année, il profite à deux millions de garçons et de filles des favelas. Ces enfants sont pris en charge, aussi sur le plan médical, et se voient offrir sport et formation.

Jusqu'ici, 60 pays sur 191 participent activement à l'Année internationale du sport; quelque 60 autres ont communiqué leur programme à l'ONU.

A noter encore qu'en récompense de ses efforts fournis durant ce mandat, l'ancien Conseiller fédéral Adolf Ogi a reçu, fin novembre, le Prix des droits de l'homme de la section suisse de la Société internationale pour les droits de l'homme.