World Knowledge Dialogue

20 étudiants se perdent dans un symposium scientifique: à quoi bon ?

World Knowledge Dialogue est un symposium international de dialogue entre des experts de sciences naturelles et de sciences humaines, organisé dans le but de mieux comprendre les problèmes que nous rencontrons.

Cette année, pour la première fois, un programme a été établi afin de donner aux étudiants une place importante dans les débats, en les faisant intervenir dans certains ateliers, en leur donnant la chance de discuter avec des professeurs et scientifiques connus dans le monde entier.

Ariane Vlérick, responsable des relations médiatiques et scientifiques du World Knowledge Dialogue, explique que « l'initiative n'aurait aucune raison d'être sans un engagement fort de la part de ceux qui bâtiront les sciences de demain, toutes disciplines confondues. Le dialogue est un moyen de mieux comprendre les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui et auxquels une discipline spécifique, quelle qu'elle soit, ne peut pas apporter de réponse à elle seule. D'où l'intérêt de travailler sur le long terme, sur un changement de mentalité ».

Nous avons choisi 4 étudiants francophones qui ont participé à cet évènement :
Yanel Breindl, émilie De Pauw, Michal Hersch et Imad J. Riachi.

Avez-vous déjà participé à ce genre d'événement ?
Michal : J'ai déjà eu l'occasion de participer à de multiples conférences qui ont eu lieu à l'EPFL, mais ce symposium possède un autre statut : il s'étend sur quatre jours et les intervenants sont impressionnants !
Yanel : Cette année, j'ai assisté à de nombreuses conférences en Europe. Comme j'arrive à la fin de mes études, j'essaie de me rapprocher du monde du travail et les événements de ce genre sont des occasions en or ! Je pense aussi avoir acquis le niveau intellectuel suffisant pour pouvoir me créer une véritable opinion.

Qu'est ce qui vous a motivé à participer à ce symposium ?
Imad : Principalement l'interdisciplinarité. Pour bien comprendre la science, il faut comprendre le contexte plus large dans lequel elle s'inscrit. Comment la science va servir, quelle est sa contribution à la société. C'est également l'occasion de voir des lauréats, des prix Nobel et de se créer un réseau.

Parmi tous les intervenants, lequel vous a le plus marqué ?
Imad : John Sulston (prix Nobel de médecine 2002), c'est pour moi un scientifique qui est allé jusqu'au bout en recevant le prix Nobel, mais il a aussi ses opinions politiques et n'hésite pas à les exposer.
Tous : Nous avons aussi particulièrement apprécié la table ronde avec Raghavendra Gadagkar et Frans de Waal, tous deux des scientifiques ayant effectué des expériences sur la coopération et la confiance chez les animaux. Jean-Pierre Hocké (haut commissaire des Nations Unies pour les refugiés), représentant humaniste de la compagnie, a sollicité leurs recherches pour aider les humanitaires à comprendre et prévenir la violence humaine qu'ils côtoient chaque jour sur le terrain. Mais les sollicités ont immédiatement déclaré que l'éthique, la prudence scientifique, le temps et le recul nécessaire ne leur permettaient pas de répondre. Chacun est resté sur sa faim à ce moment. Nous l'avons ressenti comme un échec des sciences naturelles, qui ont coupé court au dialogue.

Si vous posiez un regard critique sur ce symposium, que diriezvous ?
Michal : Je dirais que le nom du symposium est trop ambitieux : World Knowledge Dialogue, le monde entier n'est pas représenté et le savoir ne figure pas non plus dans sa totalité. Il manque par exemple les artistes, les psychologues et les historiens.

Et au contraire quelles sont les réussites du WKD??
Emilie: J'apprécie vraiment l'effort d'intégration des jeunes dans le symposium. Non seulement il est très enrichissant d'échanger nos opinions après les discussions, mais je trouve que cela apporte une autre dimension au symposium.
Imad : Je pense qu'il ne faut pas sousestimer l'impact de la rencontre entre les individus. Et même si nous n'avons pas constaté beaucoup de dialogues en public, cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas eu lieu hors de la scène.
Yanel : Pour ma part je ne suis pas surprise que les participants aient de la difficulté à s'éloigner de leur matière de prédilection. J'avais déjà remarqué ce phénomène en plusieurs autres occasions : lorsqu'on a affaire à des spécialistes qui utilisent la méthodologie et le vocabulaire spécifiques à leur discipline, il n'est pas si facile de s'en détacher. Et selon moi, ce manque ne fait que souligner l'importance du symposium !

Bilan au troisième jour : Nous avons trouvé ce que nous étions venu chercher. Au cours des discussions, notamment celles que Laetitia Henriot1* a su susciter au sein du groupe des étudiants, nos opinions se sont formées, se sont confrontées et ont évolué. En bref, nous avons beaucoup appris. Il s'agit de repartir avec des idées nouvelles et orienter ses travaux vers la communication, afin de créer chaque jour ce fameux dialogue entre les disciplines.

Vous reviendrez en 2010 pour la troisième édition du forum?
Emilie : oui, c'est toujours bon à prendre!
Michal : c'est une réelle stimulation intellectuelle, je serai là. Imad : J'ai un peu d'amertume car le dialogue n'était pas très présent. Mais je reviendrai pour voir le progrès.
Yanel : Bien sûr, et j'espère qu'on sera nombreux!

1*Ancienne Présidente de l'Association des Etudiants des Hautes écoles Suisses

Yanel Breindl, 24 ans, Université Libre de Bruxelles Licence en informatique et communication, spécialisation journalisme. Poursuit sa thèse en informatique et communication

émilie De Pauw, 23 ans, Université Libre de Bruxelles Bachelor en philosophie. Poursuit son master en Bioéthique


Michal Hersch, 29 ans, EPFL Diplômé en informatique Master en science cognitive. Poursuit sa thèse en intelligence artificielle et robotique


Imad J. Riachi 25 ans, EPFL Bachelor en informatique et systèmes de communication Master en microtechnique. Poursuit sa thèse en neuroscience

Lieu : Crans-Montana
Date : 10 -13 septembre 2008
Nombre de participants : 300
Nature des participants : Vieux dinosaures Nobélisés, scientifiques assidus ultra-spécialisés, étudiants passionnés révoltés, jeunes scientifiques prometteurs
Questions abordées : Comment qualifier l'intelligence collective résultant de la « mise en réseau » des connaissances individuelles ? Quels nouveaux rapports crée-t-elle avec l'individu ? Sommes-nous naturellement des êtres coopératifs ? Y a-t-il une base biologique à la coopération ou au conflit et quelles sont les incidences sociales de nos comportements ?
Outil : le dialogue ?