HES-SO

La rubrique 360° brosse chaque mois le portrait d’une haute école

Le Président du Comité directeur de la HES-SO, Marc-André Berclaz, se plie à nos questions.

Quel est le bilan de santé de La HES-SO?
Nos effectifs sont passés de 4’000 étudiants en 1997 à près de 15’000 aujourd’hui. On peut dire que le bébé a connu une vive croissance. Construite essentiellement autour d’un noyau d’ingénieurs, elle s’est par la suite fortement différenciée. On peut mesurer l’élargissement du champ d’activités par l’arrivée de domaines comme la musique, les arts, le théâtre, la santé ou le travail social. La HES-SO propose désormais, en sus de son offre de Bachelors, 15 filières de Masters.

On note également une forte augmentation des activités de recherche et de prestations de services. A ce jour, la HES-SO réalise pour près de 70 millions de volume de travail dans le domaine de la recherche et du transfert technologique. Cette partielà constitue à elle seule une grande PME à l’échelle romande.

Sur le plan institutionnel, la HES-SO est dans l’attente. Quelques divergences subsistent entre les autorités fédérales et nos propres autorités politiques quant à la constitution future de notre école. L’objectif consiste à rapprocher les deux points de vue de manière à construire une école qui, aux alentours de 2014-2015, puisse être accréditée selon le nouveau droit (nouvelle loi sur les hautes écoles) qui sera appliqué à tous les types de hautes écoles.

Ne craignez-vous pas d’être victime de votre succès?
Lorsque les effectifs croissent, on ne peut qu’être satisfait. Cela veut dire qu’il y a du succès. Mais tout ceci génère des charges tant financières qu’en terme de ressources humaines. Heureusement, nous jouissons d’un soutien exceptionnel des pouvoirs publics.

Maintenant, je ne peux pas prédire que dans trois ans nous aurons atteint la barre des 20’000 étudiants. Une forme de limite s’impose d’elle-même. Nous pensons que l’évolution démographique du pays devrait réguler les effectifs. Quoi qu’il en soit, nous devons être capables de nous adapter à la demande et de former de façon optimale.

La HES-SO développe ses filières de façon à ce qu’elles soient ancrées dans le tissu socio-économique et culturel. Comment les besoins sont-ils concrètement évalués?
Il y a 27 écoles réparties sur le territoire romand. La majorité du corps professoral entretient un lien étroit avec les entreprises et institutions régionales. Qui plus est, nous demandons à nos professeurs d’avoir une forte expérience pratique préalable dans le domaine qu’ils enseignent. Par cette histoire personnelle et par le fait que nos écoles sont très fortement tournées vers la pratique, nous sommes en interaction constante avec le milieu économique. Et lorsque le chiffre d’affaires ou le cercle de nos bénéficiaires augmente, cela signifie que l’économie est satisfaite de nos services.
Crédit photo: François Schenk
De plus en plus de jeunes diplômés rencontrent des difficultés d’insertion professionnelle. Comment vous positionnez-vous face à ces perspectives nébuleuses?
Nos écoles ont le souci, étant proches des professions et souvent organisées en relation avec des stages pratiques en entreprises, d’assurer une adéquation entre l’offre et la demande. Nous n’avons pas une visibilité d’ensemble pour la fin de l’année 2009, puisque nous n’avons pas encore de retour sur la dernière volée. Cependant, la fin de l’année 2008 ne laissait entrevoir aucun problème particulier. Toutes les statistiques montraient que l’accès au marché du travail était rapide. Maintenant, il est clair que la crise économique a péjoré la totalité des systèmes. Proportionnellement, le temps d’accès au premier emploi est certainement prolongé.

Le processus de Bologne est pensé pour permettre aux HES et HEU d’évoluer dans un cadre commun. Jouissez-vous aujourd’hui de la même autonomie que les universités?

La nouvelle loi sur les hautes écoles est en chantier. C’est elle qui devrait rééquilibrer les systèmes de manière à ce que les HES puissent trouver une forme d’autonomie comparable à celle des universités. L’idée n’est pas d’être identique, mais de pouvoir évoluer en parallèle avec les mêmes règles du jeu. Tant les recteurs d’universités que ceux de HES ont aujourd’hui une excellente entente. Nous avons en faveur des étudiants le même type de soucis: pouvoir fonctionner d’une manière optimale. Lorsqu’on parle d’autonomie, on confond souvent avec liberté ou indépendance. L’autonomie, c’est la possibilité de faire évoluer une école sur le plan académique dans le grand courant européen, de manière à être toujours capable d’offrir des prestations de qualité.

Comment ont évolué les collaborations au niveau international?
Les HES sont plutôt récentes, puisqu’elles ont un peu plus de 12 ans. Le terme de «hautes écoles spécialisées» n’existe pas dans d’autres pays francophones. Il est donc difficile d’expliquer ces nuances helvétiques et de se positionner dans le monde de la francophonie. L’utilisation de la terminologie Bachelor/Master nous a toutefois facilité la tâche.

A ce propos, vous craigniez une dévalorisation du bachelor au détriment du master...

Notre vocation primaire consiste à former des étudiants capables d’entrer sur le marché du travail au terme d’un Bachelor. Le problème tient en partie à la difficulté de différencier les produits universitaires et de hautes écoles spécialisées, qui ont le même nom mais des portées distinctes. si le Bachelor universitaire est plutôt conçu pour permettre l’accès à une formation Master, le nôtre est construit pour être complet. L’idée du Master dans une HES est d’amener des connaissances complémentaires à des jeunes souhaitant acquérir des formations plus pointues.

Dans un marché normal, 80% de nos diplômés partent sur le marché du travail avec un Bachelor et 20% poursuivent dans l’offre de Master. si le marché économique se dégrade, la menace pèse que trop d’étudiants poursuivent en Master faute de places de travail. Ça n’est pas arrivé l’année passée, il faut maintenant attendre la prochaine rentrée.

Comment appréhendez-vous l’avenir à moyen terme de La HES-SO?
Le défi de l’année dernière était la perméabilité entre le monde universitaire et celui des HES. Je pense que ce défi là est quasiment résolu grâce à l’excellente collaboration qui existe entre les conférences. C’est-à-dire qu’aujourd’hui un Bachelor HES peut poursuivre un Master dans une université et réciproquement.

Un second défi consistait à introduire les HEs dans les accords de Nice (reconnaissance réciproque des titres avec la France). Cette étape signifie que la HES-SO a régulé ses problèmes de collaboration avec la France.

Le défi suivant, c’est de permettre à certains de nos diplômés Master de poursuivre des études doctorales. La Conférence universitaire suisse acceptant le principe d’une admission sur dossier identique à celle proposée aux titulaires de Masters universitaires, la fenêtre est désormais ouverte.

Enfin, il importe aujourd’hui d’élaborer une convention unique pour que la HES-SO puisse fonctionner comme une institution forte, bien positionnée sur le plan suisse, tout en étant capable de favoriser l’émulation et l’image de chacun de ses membres. La HES-SO a progressivement intégré de nouveaux domaines, mais sans jusquelà élargir ses bases légales. Il faut donc trouver un équilibre subtil pour renforcer à la fois l’impact régional, national et international de nos écoles.

Avez-vous un message à l’attention des futurs étudiants?
Nous assistons à un décloisonnement du système de formation. Moyennant quelques mois de cours supplémentaires, il est aujourd’hui possible de bifurquer à pratiquement toutes les étapes du cursus. Le droit au changement d’orientation est beaucoup plus fort.

Deuxièmement, il n’y a pas de doublons ou de concurrence entre les universités et les HES. Les unes sont les compléments naturels des autres. L’expansion de la population scolaire des HES ne s’est de loin pas faite au détriment de l’université. Elle a au contraire touché une catégorie de gens qui n’auraient pas entrepris d’études. Cela tient au fait que nos écoles sont proches des domiciles et plus accessibles pour les personnes qui ne peuvent pas être aussi mobiles que celles qui optent pour les universités.

Reste maintenant à espérer que l’économie reparte correctement de manière à ce que des nouvelles places de travail soient offertes aux jeunes. Ce serait un gaspillage catastrophique que de former des gens qui ne trouvent pas de travail.

Dates-clé

1994 Création d’une HES unique pour la suisse occidentale.
1995 Le Parlement fédéral vote la loi fédérale sur les HES.
1996 L’ordonnance relative à la création et à la gestion des HES (OHES) précise la loi fédérale sur les HES.
1997 Le concordat intercantonal HES-SO est signé.
1998 L’accord intercantonal sur les HES règle l’accès aux hautes écoles spécialisées sur le plan intercantonal.
2001 La convention intercantonale HES-S2 crée la HES santé-social.
2003 Le Conseil fédéral accorde au comité stratégique l’autorisation de gérer la HES-SO sans limitation dans le temps.
2004 Les domaines HES-SO (sciences de l’ingénieur et architecture, économie et services, design) et HES-S2 (santé, travail social) sont réunis sous le label HES-SO.
2005 Intégration du domaine de la musique.
2006 Début de l’intégration des arts visuels.
2007 La HES-SO reçoit l’autorisation d’ouvrir 8 nouvelles filières de Master (sciences de l’ingénieur, économie et services, musique, design et arts visuels).
2008 Le Conseil fédéral confirme l’autorisation de gérer la HES-SO. Fin novembre, le Comité stratégique dépose un avant-projet de Convention.
2009 Le Département fédéral de l’Economie autorise l’ouverture du Master conjoint HES-SO et Université de Lausanne en sciences infirmières. En septembre, HES-SO Master accueille près de 280 étudiants dans les nouveaux locaux de Provence-Lausanne. 2010 La filière théâtre est officiellement reconnue.