Isabelle Chassot

Conseillère d'Etat fribourgeoise à la direction de l'instruction publique, de la culture et du sport et Présidente de la CDIP

Forte sélection sociale, discriminations persistantes, aides financières disparates, mauvaise condition sociale et économique des étudiants… Peut-on encore louer l'excellence du système de formation suisse?
Si la question repose sur cette vision du système de formation suisse, il est difficile d'invoquer l'excellence! Mais, par bonheur, la réalité m'apparaît bien différente. Et il me semble qu'une lecture un tantinet objective du Rapport sur l'éducation 2010 donne une image plus positive de la situation. Cette approche différente me fait penser à l'adage «Quand on se regarde, on se désole, mais quand on se compare, on se console»! Le système suisse n'est pas parfait, j'en conviens avec vous. Mais allez questionner vos collègues étudiants dans certains pays voisins, et vous modifierez sans doute le diagnostic très sombre que vous dressez.

Je continue à penser que, même perfectible, notre système offre une formation universitaire de qualité, qui permet à la jeunesse de notre pays d'entrer de plainpied dans le monde professionnel et d'être concurrentielle au niveau international.

L'évocation d'un renchérissement des taxes d'études a déclenché un débat à forte teneur émotionnelle. Quelle est votre position?
Je suis acquise à l'idée qu'il s'agit d'éviter toute mesure qui empêcherait une personne qui possède des capacités de se former dans une haute école, et surtout pas des questions financières. Il convient de veiller à ne pas remettre en cause l'égalité des chances d'accès aux études universitaires. Ceux qui agitent le drapeau rouge d'une augmentation substantielle des taxes n'ont pas conscience du risque qu'ils font courir à tout notre système de formation.

Que ce soit à Fribourg ou sur le plan national, vous avez marqué de votre empreinte la politique de la formation et de l'enseignement. Quelle est votre vision de l'école de demain?
L'expérience me rend prudente par rapport aux «visions»! D'autant plus lorsqu'on sait que, en matière de formation, les décisions politiques prises aujourd'hui mettent des années à donner des résultats sur le terrain! Reste un idéal: celui de permettre à tous les jeunes, quel que soit leur origine ou leur milieu, d'aller au plus loin de leurs compétences. Et demain, l'école devra, en plus d'assurer une excellente formation de base, veiller à davantage apprendre à apprendre, afin que chacun dispose des outils pour continuer à se former durant tout son parcours professionnel.