interviews

Michael Ringier

Président de Ringier AG

Avec l'essor du numérique, comment se dessine le journalisme de demain?
Les fondements du journalisme restent les mêmes depuis des décennies: Recherches, analyses, commentaires, rapports. Mais aujourd'hui, nous disposons de moyens techniques entièrement nouveaux: les blogs, twitter et toute une série de pages en ligne déversent des avalanches d'actualités, exactes ou non. Ils facilitent et compliquent à la fois le travail journalistique. L'accès à l'information se trouve nettement plus aisé, l'évaluation qualitative en est bien entendu plus ardue. Car les journalistes disposent d'un amas d'information qu'ils ne peuvent en aucun cas reprendre sans les vérifier. Contrôler, savoir et comprendre soi-même reste encore et toujours la tâche centrale d'un journaliste.

Vos attentes à l'égard des jeunes diplômés qui intègreront votre entreprise ont-elles évolué?
J'attends deux choses des jeunes qui travaillent dans la communication; vouloir savoir et être curieux. Et cela exige un immense engagement et un travail acharné. Les nouvelles technologies dissimulent un grave danger: elles simulent le savoir, et leur accès est extrêmement aisé. Mais le véritable travail d'information n'est jamais simple. Celui qui fait confiance à Internet reste toujours superficiel et n'a pas sa place chez nous. En effet, nous ne produisons que des informations particulières et totalement exclusives.

Les étudiants sont-ils des lecteurs assidus de presse écrite?
S'ils ne le sont pas, je le leur conseille vivement. Car si je renonce totalement aux journaux et aux revues, je manque une grande partie de l'information. La presse imprimée me propose aussi des nouvelles dont j'ignorais totalement qu'elles m'intéresseraient. Bien entendu, je dois chercher sciemment les informations. Et à ce point de vue, les nouvelles technologies s'avèrent imbattables. Je dois également me placer dans une situation où l'information me trouve. Et cela, personne ne le fait mieux que la presse écrite.