L'étude

proposer à des étudiants en droit d'arbitrer des conflits réels: zoom sur un projet de la TSR

Loin d'avoir été le feuilleton de l'été, le projet «l'étude» de la TSR a mis en avant durant plusieurs semaines dix étudiants en droit en leur proposant de mettre leurs fraîches connaissances juridiques à contribution. Chaque semaine, ils ont été confrontés à des cas réels de conflits en représentant à tour de rôle les parties «demandeur» et «défenseur» lors de séances de conciliation arbitrées par des représentants aguerris à l'exercice.

Difficile de passer de la théorie à la pratique?

Maria (20 ans, UNIGE): malgré la particularité de l'Université de Genève qui est d'enseigner sur la base de cas pratiques, ceux-là ne restent que des cas pratiques et non des situations réelles, avec de vrais clients qui sont impliqués financièrement et surtout émotionnellement dans le litige auquel ils sont parties. Difficile, oui, mais on apprend vite à concilier le fondement juridique de nos prétentions avec le but de la procédure qui est un accord à l'amiable, où le droit n'a plus vraiment sa place.

L'émission t'a-t-elle aidé à t'orienter plus précisément vers un type de droit en particulier?

Imad (24 ans, UNIGE): l'avantage que l'on a eu à l'Etude, c'est que nous avons été confrontés à des problèmes juridiques très variés. Mais je ne désire pas m'orienter plus précisément vers un certain type de Droit. Je reste convaincu que l'on peut être un excellent avocat et être un généraliste. Et puis, quelle tristesse que de se confiner dans un seul domaine juridique quand cette science qu'est le Droit renferme tant de richesses.

Arrives-tu à évaluer le chemin qu'il te reste à parcourir pour être un vrai pro?

Yann (26 ans, UNIGE): «pro» dans le sens premier du terme: trois ans. Mais il est évident qu'il me faudra des années d'expérience pour acquérir une aisance dans la pratique des domaines dans lesquels je vais me concentrer. Ce métier est en perpétuel mouvement, c'est ce qui constitue un de ses nombreux attraits. Je devrai toujours me trouver à la pointe de la connaissance pour être compétitif. Je m'en réjouis dès lors.

Quelles impressions après avoir vécu une émission de télé-réalité à la romande? La prochaine étape, la star ac?

Emilie (23 ans, UNIFR): tout d'abord il est important de rappeler que «l'Etude» n'est PAS une émission de télé-réalité ! En effet, on ne nous voit pas vivre, manger et dormir mais tout simplement travailler sur un cas pour tenter de le résoudre. Cette émission est donc juridique et permet aux téléspectateurs de se familiariser et de comprendre le fonctionnement de la conciliation. Pour répondre maintenant de manière plus juste à votre question, mes impressions sont excellentes. J'ai beaucoup appris et l'expérience était très enrichissante tant du point de vue juridique qu'humain. La prochaine étape donc est un Erasmus en Autriche, la fin du Master et le brevet d'avocat et une fois tout ceci terminé si je me découvre un talent de chanteuse et si l'émission existe toujours, j'irai peutêtre déposer ma candidature à la Star-Ac !

Si cette expérience était renouvelée, quels conseils pourrais-tu donner aux suivants?
wissam
(24 ans, UNIGE): je dirais deux choses qu tiennent à la spécificité de la conciliation Dans c domaine, le client, aussi intransigeant soit-il, n'est pa roi. Il faut oser insister pour révise ses revendications et leur donner une forme acceptable par l'autre partie. Ensuite, j'ai personnellement fait l'erreur de penser en termes de gagnant- perdant. Ca ne favorise pas « l'esprit de conciliation »… Me Warluzel nous l'a d'ailleurs souvent répété: le bon accord est celui qui mécontente les deux parties !

Quel impact cette émission aurat- elle eu sur tes études ? pas regret d'avoir fait du droit?

Sophie (23 ans, UNIFR): pour moi, l'émission n'a eu aucun impact surmes études étant donné que je venais de finir mes derniers examens de licence quand le tournage a commencé. Pour la suite, j'avais déjà prévu de faire un master en criminologie à Lausanne. Bien que je ne sois pas encore sûre de vouloir devenir avocate, j'ai envie de travailler dans le domaine judiciaire. L'émission m'a confortée dans cette idée. Je n'ai donc aucun regret, le droit reste mon domaine d'intérêt.

Quelles aptitudes doit posséder selon toi un bon avocat?

Tobias (23 ans, UNIGE): la passion de la justice et croire en celleci est essentiel. J'entends par là qu'il faut être convaincu que le système judiciaire rend des décisions qui sont justes en tout cas du point de vue juridique et qu'il a le sentiment par sa contribution de faire trouver le «vrai» dans un cas litigieux. De bonnes qualités d'écoute car ce n'est pas dans l'intérêt du client de demander autre chose que ce qu'il veut. Etre bon orateur, mais toutefois rester assez humble, ne pas faire primer ses intérêts à ceux de son client. Être persévérant et assez intègre pour ne pas se distancer des pièces et des faits.

Que penses-tu des thèmes qui ont été abordés durant l'émission?

Géraldine (24 ans, UNIFR): j'ai beaucoup apprécié le large éventail de thèmes sur lesquels nous avons travaillé à travers les différents litiges. Béatrice a d'ailleurs parcouru toute la Suisse romande à la recherche de cas passionnants. Nous avons pu tester nos connaissances dans plusieurs domaines. Cela nous a aussi permis de mieux cerner nos terrains de prédilection. Il aurait été intéressant d'avoir un cas de pénal, mais ce domaine est plus difficile pour une conciliation, surtout face aux caméras.

Comment as-tu été choisie pour participer à cette nouvelle émission?

Fanny (23 ans, UNIFR): après avoir découvert le projet je me suis immédiatement inscrite en répondant au questionnaire qui nous était adressé... ensuite je me suis rendue à Genève pour un entretien d'une heure environ avec une dizaine de personnes de la TSR. A cette époque j'étais encore à Vienne... Voilà qu'en date du 10 mai (je crois) j'ai reçu un appel de Sandrine Adelise m'annonçant que j'avais été prise pour participer à l'Etude! Ma joie était très grande à l'annonce de cette bonne nouvelle. En fait, les résultats scolaires n'ont pas été pris en compte pour le choix des candidats, je crois que leur choix s'est opéré «au feeling»...

and the winner is...

«Depuis le début je voyais Mafalda et Imad gagner, ils sont vraiment impressionnants! Quelle surprise que d'avoir gagné! A vrai dire je ne réalise toujours pas...» avoue Maria. «Je crois que si j'ai réussi, c'est grâce aux autres étudiants. L'ambiance entre nous était très bonne, sans esprit de compétition, mais avec une vraie entraide. C'était super de rencontrer des gens si différents les uns des autres, si interessants... Cette bourse tombe vraiment bien pour moi, elle me permettra de réaliser mes projets d'études à l'étranger, dès que j'aurais mon Master en poche, donc dès la rentrée 2007. Grâce à Béatrice Barton et Dominique Warluzel, par lesquels nous étions formidablement encadrés, j'ai énormément appris en l'espace de quelques semaines, et cette expérience restera pour moi un très agréable souvenir...»