Un mois, une langue

Réussir son séjour linguistique personnalisé

Organisé, travailleur ou engagé... il y a autant de formes de séjours à l'étranger qu'il y a de sortes de spaghettis. Incontournables activités extra universitaires, boostant l'employabilité, les vacances linguistiques se cuisinent à plusieurs sauces. Petit guide des saveurs.

Certains sont plutôt scolaires, d'autres curieux, d'autres toujours prêts à l'aventure. Du séjour en école au stage en entreprise en passant par le voyage découverte, chaque étudiant choisira d'après son budget, son niveau de langue et ses envies. Et toi?

Le tout inclus
Sur catalogue, plusieurs organismes proposent des cours intensifs en école de 25 à 30 heures par semaine, le logement demi-pension et le transfert depuis l'aéroport compris. C'est probablement le départ le plus efficace pour les débutants. D'après Céline Bally, conseillère chez Allez-y à Genève, le progrès dépend de l'individu et des connaissances déjà acquises: «L'idéal, c'est de passer un premier test de langue avant le départ», propose-t-elle. «En un mois, l'étudiant peut faire d'excellents progrès, en particulier s'il loge dans une famille, plutôt qu'avec d'autres étudiants étrangers». Pour une langue latine, comme l'espagnol ou l'italien, les résultats seront d'autant plus fulgurants. Variante économique : s'inscrire pour les cours et trouver le logement sur place. Il est aussi possible de trouver soi-même l'école sur le web. Ce sera toutefois sans garantie de qualité. Les écoles sur catalogue sont, quant à elles, visitées fréquemment par des contrôleurs qualité.
Avantage : prise en main de A à Z.
Inconvénient : le coût. Risque de rencontrer des francophones ou de parler une autre langue (anglais) avec les camarades.

Les petits boulots
Pas un sou en poche, mais déterminé à charmer Londres avec ton accent frenchy? Depuis 2004, le marché du travail de l'UE15 est ouvert aux Suisses, sans conditions. Avec une once de débrouille, une pointe d'esprit aventureux et des CVs plein les poches, il est possible de frapper à la porte des agences de placement temporaire. Un niveau d'anglais moyen et de bonnes références permettent de viser un emploi dans l'hôtellerie (barman, serveuse ou pâtissier), tandis que les plus avancés pourront postuler comme réceptionniste ou vendeur.
Avantage : le séjour grossit le budget... plutôt que de le réduire.
Inconvénient : dans certains pays étrangers, il est quasi impossible d'ouvrir un compte en banque et il est nécessaire de connaître un indigène.


Le professionnel
Certaines organisations proposent d'aider à trouver un stage, mais en général seulement pour une longue durée. Pour partir à l'entre semestre, il faut donc se débrouiller seul. Le séjour se prépare plusieurs mois à l'avance. Cibler les entreprises, envoyer une offre spontanée par mail et téléphoner derrière. C'est possible, surtout avec une connaissance de base de la langue. Si la destination est en Europe, il est aussi conseillé de partir en repérage un week-end avant le séjour, et se pointer avec CV et lettre de motivation là ou tu veux travailler.
Avantage : l'expérience est double : perfectionnement linguistique et apprentissage professionnel.
Inconvénient : l'investissement demandé pour décrocher le stage sésame.

L'alternatif
Certaines ONG comme le Service Civil International (SCI) proposent aux jeunes du monde entier de se retrouver, l'espace de quelques semaines, autour d'une cause sociale, environnementale ou culturelle. Il existe des projets sur les cinq continents allant de la restauration de sites archéologiques à l'aide aux réfugiés, pour conjuguer pratique des langues étrangères et engagement personnel.
Avantage : nourri, logé, seuls frais d'inscription et voyage.
Inconvénient : la destination n'est pas garantie parmi plusieurs choix.
Variante : se proposer soi-même comme bénévole. La démarche est la même que pour trouver un stage (voir « le professionnel»).

Le familial
Et si aucune idée ne te vient, pourquoi ne pas piocher dans ton réseau de proches? Tu as peut-être un cousin qui étudie à Madrid, un oncle en Argovie (pourquoi pas?) et le frère de ta copine un ami à Montréal. Tu as déjà des possibilités d'hébergement et sûrement d'activités, stage ou emploi.
Avantage: se laisser surprendre par les possibilités du réseautage.

De retour, à la rentrée universitaire, la tête sera pleine d'anecdotes et de rencontres sympas à raconter aux potes. Mais autant les souvenirs sont inoubliables, autant le vocabulaire et la grammaire ne le sont pas. Un conseil: de retour au train-train quotidien, chatter et échanger des mails avec les nouveaux amis espagnols ou japonais ou regarder le TJ en allemand pour que la partie du cerveau «langue étrangère » reste en mode éveil!

Virginie, part à Berlin en mars



«Je vais suivre des cours intensifs d'allemand pour passer l'examen ZMP, qui me sera utile en tant que future enseignante à l'école primaire. J'ai préféré choisir une petite école de langues, car j'imagine que l'ambiance sera plus sympa que dans une grande. J'ai déjà un bon niveau scolaire d'allemand, mais je n'ai plus pratiqué depuis la matu. Je compte donc sur ce séjour pour me remettre à niveau et l'idéal serait d'être plus à l'aise avec la langue pour pouvoir me débrouiller. Je ne connais pas du tout Berlin, mais j'en ai beaucoup entendu parler. C'est une grande métropole qui bouillonne et cela m'attire. Je compte vivre en colloc' avec de jeunes Allemands plutôt qu'avec d'autres étrangers. J'espère trouver sur Internet un logement sympa avant mon départ!»

Julien, de retour de Moscou



«Je suis parti avant tout pour faire des rencontres et vivre le pays de l'intérieur. Pas en tant que touriste, mais pour rencontrer "l'âme" russe. J'avais déjà un bon niveau de langue au départ, maintenant je parle de manière plus fluide. Je connais mieux aussi le vocabulaire de la vie de tous les jours. Mais je sais qu'il est quasi impossible de parler le russe sans faire de fautes. Faire des contacts a été plutôt difficile, car les Russes ne sont pas forcément accueillants. Lorsque l'on en est conscient, on finit par l'admettre et c'est enrichissant. J'ai trouvé très intéressant de participer aux activités de tous les jours comme aller au théâtre, prendre le métro ou parler avec des supporters de foot locaux. Qu'y a-t-il de différent en Russie par rapport à la Suisse? L'idée de communauté.»

Nicole, de retour de Barcelone


«J'ai décidé de partir un peu au dernier moment avant la rentrée. Mon frère étudie dans la capitale catalane et j'ai pu dormir dans la chambre d'amis. Sur place, j'ai vite trouvé un cours d'espagnol au centre ville, en petite classe de 3-4 personnes. Je ne parlais pas un mot de la langue en arrivant, mais comme j'avais étudié l'italien au gymnase, j'arrivais déjà à lire l'espagnol. Je suis vite montée du niveau débutant au niveau moyen. Après une semaine, je pouvais déjà me débrouiller avec des phrases simples. L'offre culturelle à Barcelone est exceptionnelle : musées, parcs et même plages ! Par contre, la ville est assez polluée, ce qui donne envie assez rapidement d'aller explorer les montagnes catalanes et les plages environnantes.»