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Parents-étudiants: croix et bannière


Quid de l'égalité des chances?

L'isolement, la surcharge de travail, le manque de ressources ou encore la pénurie de garderies sont autant d'écueils qui entravent la conciliation entre études et parentalité. Une consolidation du principe de démocratisation des études s'avère indispensable pour cette frange d'étudiants qui conjugue parcours académique et vie de famille. Cela passe par une prise de conscience accrue de la part des instances cantonales et une intensification de la politique d'égalité des chances menée par les hautes écoles suisses.

La Suisse dans la moyenne

Selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique, 5% des étudiants des hautes écoles suisses assument en parallèle des charges familiales. Notre pays se place ainsi dans la moyenne européenne. L'Italie ferme le classement avec 3% alors que la Suède le fait exploser avec 17%. Cet écart s'explique par les multiples possibilités offertes dans ce pays pour réaliser un cursus universitaire: études à temps partiel, bons systèmes de garde, etc. Même si les hautes écoles suisses accordent une attention croissante à cette population, cela témoigne du chemin à parcourir pour garantir une égalité des chances palpable.

L'engrenage des obstacles

Les situations de conciliation s'avèrent aussi diversifiées que le nombre de parents étudiants. Plusieurs obstacles se dressent pourtant devant eux de façon quasi récurrente, obstacles susceptibles d'engendrer de l'insécurité et du stress.

La brochure de l'Université de Genève «Etre "parentétudiant"» propose à ce titre une vue d'ensemble relativement exhaustive de la problématique. Aux fréquents problèmes financiers - la difficulté d'obtenir une bourse couplée à la rigidité des systèmes d'allocations et à un certain nombre d'incongruités administratives - s'ajoutent les fréquentes impasses liées à la garde de l'enfant. Si la grande majorité des campus romands propose des structures d'accueil - des crèches, des garderies et même une école enfantine pour le binôme UNIL/EPFL - via leur bureau de l'égalité, le nombre de places demeure insuffisant et les listes d'attente sans fin. Quant aux structures externes, elles offrent trop souvent des solutions incompatibles avec les obligations académiques des parents-étudiants et pratiquent des tarifs bien plus élevés (calculés en fonction du revenu imposable des deux parents).

L'impact psychologique

Les difficultés rencontrées pour obtenir une place fixe dans un système de garde poussent de nombreux parents-étudiants à recourir à la garde alternée entre la mère et le père ou à faire appel à la famille et à l'entourage. Ces solutions temporaires engendrent cependant une forme d'instabilité et nécessitent d'incessantes mises au point organisationnelles. De quoi menacer la bonne poursuite des études et surtout engendrer un stress dévastateur. Considérant que la majorité des parents-étudiants se trouvent dans la nécessité de travailler à côté des études et de l'éducation de leur enfant, c'est également le spectre du surmenage et de l'isolement qui les guette à tout instant.

Des efforts notables

Dans les pas de la reconduction du programme fédéral d'égalité (2008-2011), les campus et leur service d'égalité poursuivent leur action en faveur d'une démocratisation des études. Cela se traduit par des mesures concrètes en faveur des parents-étudiants: augmentation des structures d'accueil, animations, diverses aides financières, etc. A cela s'ajoute la possibilité de mener des études à temps partiel dans la plupart des facultés. L'Université de Lausanne a même innové en introduisant dès cette année un cursus à mi-temps sur l'ensemble de ses masters.

Donner plus de visibilité

Malgré les efforts consentis, un important travail de sensibilisation doit encore être fourni pour mettre en lumière le parcours du combattant auquel sont confrontés les parents-étudiants. La brochure de l'UNIGE édicte à ce propos une série de recommandations pouvant être étendues à l'ensemble du paysage romand des hautes écoles: inciter les instances politiques à faciliter l'octroi de bourses, centraliser les informations utiles pour les étudiants en charge d'un enfant, mieux les informer sur les aides existantes, analyser leur situation économique et familiale de façon à apporter des solutions adaptées, augmenter le nombre de places dans les crèches universitaires et proposer des alternatives, allouer des aides pour faire face aux urgences financières ou encore sensibiliser le corps professoral pour qu'il adapte son enseignement et ne pénalise pas les parents-étudiants.