Croire et étudier

étudier etumag est parti à la rencontre de la plus grande faculté de théologie de suisse, à fribourg.

Dès sa fondation, en 1889, l'Université de Fribourg possède une faculté de Théologie, en en raison de la présence de l'ordre des Dominicains. Cette Faculté a alors permis le rayonnement de l'Université dans l'Europe entière. Cependant, quelle est sa place dans notre société sécularisée, qui sont ces étudiants atypiques qui fréquentent les cours de Théologie? Nous avons été poser ces questions à M. Guido Vergauwen (photo), professeur de Théologie.

Pas seulement les futurs prêtres
Loin de la caricature des étudiants en Théologie en longue robe blanche, la majorité sont des étudiants comme les autres. Avec une proportion d'un tiers de femmes, la Faculté de Théologie est même la seule faculté de Fribourg à avoir une doyenne.

Les études en Théologie n'intéressent pas que les prêtres en devenir, les séminaristes sont d'ailleurs de moins en moins nombreux. Ils représentent à peu près entre 5 et 10% des étudiants de la Faculté. Quelques frères dominicains (une vingtaine) et d'autres ordres complètent le tableau des étudiants religieux. La majorité est formée de laïques qui se destinent à l'enseignement, à travailler dans des cures pour l'enseignement aux adultes, dans le domaine social ou caritatif. M. Vergauwen nous avouait d'ailleurs: «Je ne connais aucun théologien au chômage», une voie d'études qui offre donc de bons débouchés !

Il faut ajouter à cela plus d'une centaine d'étudiants qui suivent des cours dans la Faculté en étant inscrits ailleurs. La Science des religions, par exemple, attire beaucoup de personnes qui s'intéressent à connaître la situation des religions dans notre société actuelle. La théologie se veut multidisciplinaire, à la croisée de la philosophie, de l'histoire, elle voit même des étudiants en Economie suivre des cours pour le côté éthique de leur branche. «Dernièrement nous avons même présenté une exposition commune avec la Faculté des Sciences dans le cadre d'un projet ressemblant au célèbre Science et cité, rajoute encore M. Vergauwen. La morale est un domaine qui a toujours autant d'importance, et nous avons même pu le remarquer lors de certaines votations, comme celles sur les cellules souches.

La Faculté de Théologie de Fribourg est tout de même assez atypique. Plus d'un quart des étudiants inscrits sont en effet dans le cursus doctoral. La Faculté se veut en effet tournée vers la recherche et sa réputation européenne en fait un endroit de choix pour la théologie. Preuve en est le fait que deux cents étudiants sont des étrangers. Mais c'est aussi son côté ouvert à la modernité qui peut attirer autant de doctorants à Fribourg. En effet, loin du traditionalisme dont on les affuble volontiers, la politique de la Faculté est plutôt l'ouverture. Une ouverture religieuse puisqu'il n'y a aucune obligation d'être catholique pour être inscrit et les étudiants protestants et orthodoxes viennent suivre les cours. Certain d'entre eux deviennent même assistant. Le côté oecuménique est d'ailleurs au centre de nombreuses manifestations, comme la restitution, le mois passé, de restes de St-Nicolas aux orthodoxes. M. Vergauwen de rajouter que «dans le domaine oecuménique, le 20 mars nous allons attribuer «La rose d'argent de St-Nicolas» à M. Kirill, un prêtre orthodoxe». Fribourg compte deux séminaires, le Séminaire diocésain et le Séminaire de Sion. Elle compte aussi deux couvents dominicains, qui est un ordre fortement représenté à Fribourg. Pour une raison historique, lors de la fondation de l'Université, se sont les dominicains, avec leur vision thomiste du monde, qui ont été choisis pour s'occuper de la Faculté de Théologie.

Au fait c'est quoi un dominicain?

Dans l'Eglise catholique, il existe plusieurs ordres différents qui peuvent avoir des inspirations différentes: les Cordeliers, Capucins, Bénédictins, Jésuites, Franciscains, etc., et qui n'étaient pas toujours en accord entre eux (lire Le nom de la Rose, de Umberto Ecco à ce sujet).

Les dominicains étaient un ordre mendiant qui s'inspirait de la vision de Saint-Thomas d'Aquin (qui vécut au XIIIème siècle), et qui essaie de rendre compatibles la foi et la raison. Lors de la construction de l'Université, le néothomisme était à la «mode» c'est pourquoi les dominicains furent choisis. «Nous représentons toujours un tiers des professeurs» explique M. Vergauwen, professeur et dominicain. Le coordinateur entre le Vatican et l'Université est par ailleurs le grand chef de la confrérie des dominicains.