Etudiant, un statut égratigné?

Décorticage des clichés récurrents

En tant qu'étudiant, je suis sûr que cette situation t'est familière: quand quelqu'un te pose la question «tu fais quoi dans la vie?», tu réponds évidemment «j'suis à l'uni». Alors tu vois dans les yeux de ton interlocuteur ce regard partagé entre petit rictus en coin et semi-respect pour faire partie de la pseudo classe pensante du pays.

L'interlocuteur aurait envie de te dire: «Ah voilà, t'es encore un de ces touristes qui passent leur temps assis sur leur chaise; enfin quand ils daignent se lever pour se rendre à leurs cours. C'est bien ça?». Mais en même temps, selon son secteur d'activité, il sait qu'un jour tu pourrais être son boss, alors il se tait. Reste cette expression sur son visage. En même temps, c'est vrai que les clichés sur les étudiants ne manquent pas: fils à papa, main d'oeuvre facile à exploiter, fêtard, fainéant, champion du monde de l'absentéisme, etc. Prenons-les les uns après les autres.

L'étudiant est un fils à papa: vrai.

Là franchement, on ne peut pas leur en vouloir de penser ça. Si tu te promènes dans le secteur HEC des universités, le cliché se transforme en réalité. Les hommes au col serré et les femmes en tailleur/talons aiguilles sont légion. D'ailleurs, une étude l'a démontré: dans un auditoire HEC, il y a en moyenne 3 polos Ralph Lauren au mètre carré.

L'étudiant est une main d'oeuvre facile à exploiter: vrai.

Encore une fois, il est difficile de combattre le cliché. Demande à tes potes, tu pourras dresser une liste hallucinante de petits boulots. L'étudiant exerce des activités aussi diverses que baby-sitter, serveur au MacDo, barman, archiviste, vendeur dans un vidéoclub, répétiteur, prof d'informatique pour le troisième âge, caissier à la Migros, promeneur de chiens, assistant dentaire, téléphoniste, etc. Et tout cela pour un salaire qui dépasse rarement 25 francs (30 pour celui qui est chanceux) brut de l'heure. L'étudiant est bel et bien une main d'oeuvre facile à exploiter.

L'étudiant est un fêtard: faux.

L'étudiant n'est pas fêtard, l'étudiant se soucie de la bonne marche de l'économie, et cela en fréquentant les divers établissements de la ville. En effet, les sorties hebdomadaires (pour les moins actifs) de l'étudiant n'ont pour seul et unique but que de faire prospérer le chiffre d'affaires des commerçants.

L'étudiant est le champion du monde de l'absentéisme: faux.

Les quelques absences plus ou moins répétées de l'étudiant sont largement compensées par une présence quasi nonstop à la bibliothèque universitaire en session d'examens.

L'étudiant est une charge financière: vrai.

L'étudiant ne peut nier l'évidence: il est un fléau financier pour ses parents. Mais l'étudiant le sait bien, raison pour laquelle il ne manque aucune Happy Hour, histoire d'avoir bonne conscience et de ne pas dépenser la totalité de son argent en beuveries.

L'étudiant pratique le tourisme académique: faux.

Les échanges Erasmus ont pour premier objectif d'enrichir le cursus de l'étudiant d'une expérience académique dans une université étrangère, ainsi que de pouvoir profiter d'enseignements indisponibles dans son uni d'immatriculation. Les fêtes à répétition ne sont que des heureux à-côtés. Bref, cette liste est loin d'être exhaustive. Mais maintenant s'offre à toi, cher étudiant, deux options: combattre les clichés que tu trouves nonjustifiés en argumentant ta prise de position face à cet interlocuteur; ou alors passer par-dessus, quitte à, parfois, nourrir certains d'entre eux.

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